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La revue et le cercle de Kultura, autour de Jerzy Giedroyc


MARYLA LAURENT


A Maisons-Laffitte, le 91 de l’avenue de Poissy a été, à partir de 1955 et pendant plus d’un demi-siècle, le haut lieu de la littérature polonaise et de la réflexion politique sur l’Europe, notamment celle du Centre-est.

1. Aux origines

La Deuxième Guerre mondiale était terminée. Les Forces armées polonaises stationnaient toujours en Italie. Les officiers de leur état-major pensaient que la guerre reprendrait vite. L’attaque serait dirigée contre l’URSS et les Polonais se battraient pour la libération de leur pays. Tel était aussi l’avis du général Władysław Anders (1892-1970) qui, en 1941, avait fait sortir ses troupes des goulags soviétiques, pour les évacuer d’URSS par la mer Caspienne vers l’Iran et les mener de victoire en victoire à travers le Moyen-Orient jusqu’à Rome. L’idée que leur pays, la Pologne, resterait dans la zone d’influence soviétique était inacceptable. Pour beaucoup d’entre eux, Yalta était une manœuvre diplomatique que les actions militaires annuleraient vite.

Jerzy Giedroyc (1906-2000) pensait différemment. Il était persuadé que ses compagnons et lui ne rentreraient pas rapidement chez eux et qu’il leur fallait envisager un très long exil. Après avoir quitté son pays en septembre 1939 avec le gouvernement polonais, travaillé à l’ambassade de Pologne en Roumanie, il avait rejoint la Brigade des Carpates au Moyen-Orient pour très vite travailler au Bureau de la presse et de la propagande (Polish Information Center) des Corps d’armée polonais.

En 1946, Giedroyc parvint à convaincre le général Anders, pourtant très sceptique, de créer un Institut Littéraire polonais au sein des structures militaires, et ceci pour amorcer une résistance culturelle polonaise à long terme. Il fut nommé directeur de cette structure provisoirement installée à Rome. L’idée première était de publier des livres en langue polonaise. Les soldats lisaient beaucoup. Ils étaient avides des classiques de la littérature polonaise du XIXe siècle qui donnaient un sens à leur propre situation, si incertaine, de combattants en exil. Le Livre de la Nation et des Pèlerins polonais d’Adam Mickiewicz ou Les Légions de Henryk Sienkiewicz, furent parmi les premiers volumes édités par l’Institut. Nombreux étaient aussi les militaires qui souhaitaient publier leurs souvenirs du périple qui les avait mené de Sibérie en Italie par l’Asie et le Moyen-Orient. Au cours de la première année d’existence de cette petite agence éditoriale, 28 titres virent le jour. Néanmoins, en juin 1947, Jerzy Giedroyc veilla à la parution du premier numéro de la revue « Kultura » [La Culture] avec des textes de Paul Valéry, Benedetto Croce, Artur Koestler, Andrzej Bobkowski, Tymon Terlecki et Józef Czapski. Il tenait beaucoup à l’existence d’une publication régulière qui exercerait une influence durable sur la vie polonaise. Il avait décidé qu’elle serait de haut niveau intellectuel et, à tout point de vue, de grande qualité. Son objectif était d’instaurer un débat d’idées authentique, hors de toute censure, mais qui engendrerait une contre-proposition à la division de l’Europe décidée à Yalta. Les pages  de la revue devaient permettre aux intellectuels polonais, dispersés dans le monde à la suite de la guerre, de rompre leur isolement et de confronter leurs opinions. Giedroyc avait compris que le système communiste figeait dangereusement des situations en cours d’évolution dans l’entre-deux-guerres. Parmi ces dernières, il y avait les relations de la Pologne avec ses voisins immédiats comme la Lituanie, la Biélorussie ou l’Ukraine. Il considérait également comme indispensable d’amorcer un dialogue avec les Allemands, arbitrairement divisés, et surtout avec le grand peuple russe soumis à une dictature sans pareille dans l’histoire. Dans le premier numéro de « sa » revue, Giedroyc ne publia pas de programme qui aurait expliqué tout cela. Personne n’aurait compris ce visionnaire, alors qu’aucune plaie n’était cicatrisée et que chaque jour de nouvelles horreurs étaient découvertes. Quant à Giedroyc, à quarante ans, sa vision de l’avenir européen était arrêtée. Après ses études de droit,  suivies par des études d’histoire avec comme spécialité les relations polono-ukrainiennes, il était devenu haut fonctionnaire et avait fréquenté les cercles politiques les plus importants de Varsovie et d’Europe. Désormais hors de toute structure officielle, puisque le Pologne ne pouvait plus fonctionner comme un État souverain et démocratique, il avait décidé d’agir pour son pays et l’idéal européen auquel il croyait. Homme de l’ombre, replié dans une banlieue parisienne, il allait permettre l’épanouissement d’un contre-pouvoir politique et culturel  à la glaciation soviétique et ce non seulement pour ses compatriotes, mais pour tout ce qui pour plus de trois décennie sera le « bloc de l’Est ». Lorsqu’en 2000, paraissait le 637e et dernier numéro de Kultura, Giedroyc avait atteint ses objectifs au-delà de toute espérance. Conformément à sa volonté, la revue disparaissait avec lui, mais le monde avait changé !

2. L’installation en France

Il n’y eut qu’un seul numéro publié en Italie, les 636 suivants (février1948 à octobre 2000) parurent en France, non loin de Paris, à Maisons-Laffitte.

Jerzy Giedroyc était un solitaire qui avait un sens aiguisé des relations humaines. Par ailleurs, il était le représentant d’une aristocratie polonaise qui savait tout, par expérience historique, des revers de fortune et connaissait les soucis que donne toute allégeance. Dans l’entre-deux-guerres, tandis qu’il était tour à tour chef de cabinet de plusieurs ministres, responsable du bureau de presse du conseil des ministres ou du bureau des relations entre le Conseil des ministres et le Parlement, il avait été un fin observateur de la dynamique qui validait certains projets pour obérer la portée d’autres initiatives.  Au début de la guerre, son poste de secrétaire personnel de Roger Raczyński, ambassadeur de Pologne en Roumanie, ne lui avait laissé aucune illusion sur les ruptures d’alliance et la perfidie humaine. Le travail remarquable qu’il avait fait en tant que rédacteur en chef du quotidien de l’armée polonaise pendant la guerre, lui avait pourtant valu une semaine d’arrêts domestique pour avoir autorisé la publication d’un article qui avait froissé le général Anders (la victoire au mont Cassin n’y était pas assez traitée assez élogieusement !). Tout cela fit que dans la nouvelle étape de son existence, Giedroyc s’attacha à ne jamais dépendre de quiconque. Tandis que les Corps d’armée polonais quittaient l’Italie pour l’Angleterre, il décida de s’installer en France. Officiellement, parce que Paris était à la fois plus proche de la Pologne et, historiquement, une terre d’accueil pour les Polonais. En fait, pour mettre une distance avec l’autorité du gouvernement polonais en exil à Londres. Il remboursa vite le prêt que lui avait fait le fonds social des armées pour l’installation de l’imprimerie romaine et partit pour Paris. A Maisons-Laffitte, l’Institut commença par louer une maison très en ruine située rue Corneille, avant d’acheter le 91 de l’avenue de Poissy. A cet effet, il fallut réunir 6 millions 800 francs. Ce fut fait sans pour autant amorcer de dépendance contractuelle avec quiconque. Ce sont les amis personnels de Giedroyc qui lui vinrent en aide. Aleksander Weissberg-Cybulski négocia l’achat. L’aristocratie polonaise fut très secourable. Stefan Zamoyski, le propriétaire de l’Hôtel Lambert, convainquit ses parents, les Bourbon d’Espagne de soutenir Kultura ; il obtint de ses relations comme Edward Berenbau, un industriel uruguayen, un don de 1 million de francs ;  Arturo Lopez-Wilshaw, un chilien, fit un important prêt sans intérêt, de même que le comte Gilles de Boisgelin. Des fonds furent réunis aux États-Unis auprès de comtesses polonaises et d’une association des jeunes femmes polonaises de Chicago. En moins de deux ans, tous les emprunts furent remboursés, et l’immeuble payé lorsque l’idée était venue de faire subventionner l’édition d’un ou plusieurs numéros de la revue par les lecteurs. Ceux-ci répondirent avec une générosité qui surprit tout le monde. L’Institut Littéraire était totalement libre. Giedroyc usa de cette liberté pour publier des articles, mais aussi des livres, qui parfois choquaient une partie de la diaspora polonaise, faisant ainsi perdre à Kultura des abonnés (momentanément). Tel fut le cas lorsque la revue osa contredire l’association des écrivains polonais exil qui avaient décidé de couper statutairement ses membres de tout contact avec la Pologne. Giedroyc accepta qu’un numéro, mais un seul, fût financé par la fondation Ford (sans aucune ingérence de celle-ci quant au contenu), mais refusa de publier avec Kultura le supplément Na Antenie [A l’antenne], expression écrite de Radio Free Europe pourtant dirigée par Jan Nowak-Jezioranski que Giedroyc estimait. Il écrivit à ce propos : « Je ne pouvais pas intégrer à Kultura des pages sur le contenu desquelles je n’aurais eu aucun contrôle ». Il ne demandera jamais de subvention à l’État français pour cette même raison. Il avait pourtant l’estime du général de Gaulle qui bloqua par deux fois les interventions des dirigeants de la Pologne communiste demandant la fermeture de l’Institut. André Malraux prit sa plume pour soutenir l’initiative de ces exilés polonais. Ce fut la légion d’honneur dont Giedroyc avait été le récipiendaire en 1937, alors qu’il appartenait au corps diplomatique polonais, qui permit à l’étranger qu’il était de devenir éditeur dans les années 60. Jerzy Giedroyc acceptait que son passé, personnel et relationnel, intervienne pour asseoir l’Institut sur des bases solides, mais refusait de grever idéologiquement une prise de parole dont l’objectif était de peser sur l’avenir de la Pologne et de l’Europe.

2. Les trois cercles de collaborateurs de l’Institut Littéraire

Giedroyc avait une grande expérience de travail éditorial. Il avait travaillé au sein de périodiques dès ses années d’études. A l’Institut Littéraire, il prit sur lui la charge de directeur et de rédacteur en chef, écrivit rarement dans la revue et s’entoura de collaborateurs efficaces. Le cercle permanent et fidèle le plus étroit était composé de Zofia Hertz (1910-2003) et de son époux Zygmunt Hertz (1908-1979). Il dira d’eux : « Zofia et Zygmunt Hertz ont joué un rôle majeur dans l’histoire de Kultura. Ils étaient au courant de tout, y compris des questions qui exigeaient une discrétion absolue ». Zofia avait été sa collaboratrice aux services de presse des armées dès 1943. Elle se chargea intégralement de l’administration et de la comptabilité. Elle était celle qui veillait à ce que les projets du directeur fussent réalisables et n’hésita jamais à les ramener à des proportions raisonnables. Au 91 rue de Poissy, où tant d’intellectuels polonais en rupture de banc avec le communisme réel de leur pays furent accueillis pour quelques jours ou pour plusieurs mois, elle était aussi la maîtresse de maison accueillante. Son époux, Zygmunt Hertz se chargea toujours de ce qu’aujourd’hui nous appellerions les relations commerciales de l’entreprise. A Rome, il récupérera astucieusement tout ce dont l’armée britannique se délestait avant de quitter la péninsule. Cela alla des machines à écrire à l’essence dont il organisa une vente peu licite pour financer l’imprimerie. En France, jusqu’aux derniers jours de sa vie, il géra les abonnements et les envois. Cet homme, d’une grande culture et d’un caractère aimable, fut pourtant d’abord le chargé des relations avec les écrivains. Ainsi, Giedroyc écrira dans son autobiographie : « Il jouait le rôle de paratonnerre dans mes relations avec Miłosz qui n’étaient pas faciles. Il s’occupait de Hłasko, Polanski et de bien d’autres ». Dans la première époque de Kultura, c’était aussi Zygmunt Hertz qui rencontrait dans les cafés parisiens les Polonais qui n’osaient pas se rendre à Maisons-Laffitte par peur de répression à leur retour au pays. Plus tard, c’était lui qui supportait les frasques d’un romancier talentueux mais sans repères comme Marek Hłasko hébergé de longs mois à Maisons-Laffitte.

Józef Czapski (1896-1993), était un autre pilier de ce qui devint vite une institution. C’était lui qui, en 1942 avait fait entrer Giedroyc au service de presse des armées. Il a toujours été le négociateur avec le général Anders ou le gouvernement polonais de Londres lors des conflits d’idée. Il était celui qui allait solliciter les écrivains (Miłosz, Gombrowicz, Soljenitsyne, Kołakowski et tant d’autres) pour qu’ils confient leurs textes à Kultura. Czapski avec sa sœur Maria (1894-1981), les Hertz ainsi que Jerzy Giedroyc et son frère Henryk (1922-2010) qui le seconda, vécurent au 91 avenue de Poissy.

Konstanty Jeleński (1922-1987) était un autre membre important de l’équipe restreinte, à la fois « ministre des Affaires étrangères » représentant Kultura notamment au Congrès pour la Liberté de la Culture, et conseiller littéraire et artistique. Enfin, Juliusz Mieroszewski (1906-1976) qui vécut toujours à Londres, fut celui avec lequel Giedroyc débattit le plus fondamentalement de l’aspect politique de la revue. Kultura lui doit une grande part de sa renommée.

Un cercle de collaborateurs plus large venait ensuite. Dans le domaine littéraire, Maria Danilewicz-Zielińska (1907-2003) dirigeait une chronique régulière sur la littérature paraissant en Pologne ;  Wojciech Skalmowski [pseud. Maciej Broński] (1933-2008) se chargeait de la littérature en général. Jerzy Stempowski [pseud. Paweł Hostowiec] (1893-1969), était un essayiste hors pairs ; Bohdan Osadczuk (1920) était le spécialiste des questions ukrainiennes ; Leopold Unger (1922) publia régulièrement des chroniques politiques sous le pseudonyme de "Brukselczyk" [le Bruxellois] à partir de 1970. Enfin, un nom est aujourd’hui définitivement associé à l’Institut Littéraire, c’est celui de Gustaw Herling-Grudziński  (1919-2000) qui écrivit une première fois dans le numéro romain de la revue puis, après une pause de vingt ans, publia régulièrement dans le mensuel son Journal écrit la nuit.

Jerzy Giedroyc coordonnait ce comité de rédaction qui ne se réunissait jamais. La force de la revue était d’instaurer des débats sans générer de disputes entre ses membres vivants dans plusieurs pays.

Le troisième cercle était celui des auteurs qui étaient ou  allaient devenir des écrivains de renom. Citons ici Witold Gombrowicz (1904-1969) que Giedroyc connaissait pour avoir été à l’origine de son départ pour l’Argentine en août 1939 et auquel il proposa de tenir un journal dans Kultura. Et l’on sait à quel point ce Journal devint une pièce maîtresse dans l’œuvre du grand romancier polonais ! Czesław Miłosz (1911-2004), fut sollicité avant même qu’il choisisse l’exil. Il trouva refuge à Maisons-Laffitte en 1951 et fut aidé par toute l’équipe durant l’époque difficile d’un purgatoire où les communistes le rejetaient comme traitre tandis que pour la diaspora polonaise, il était un marxiste suspect. Giedroyc, quant à lui, voyait d’abord en Miłosz un grand poète dont il fallait protéger le talent. Il ne donna pas prise à l’agacement que suscitait en lui le peu de crédit manifeste que le futur lauréat du prix Nobel 1980 accordait au témoignage de Gustav Herling-Grudzinski  sur les goulags. La liberté de l’Institut Littéraire était de pouvoir publier des auteurs de sensibilités différentes.

3. Les  trois composantes de l’Institut Littéraire

La revue Kultura, conçue comme le lieu d’un brassage d’idées,  acquit vite une importance qui nécessita des aménagements. Il lui fallut quitter la librairie polonaise de l’île Saint-Louis qui fut son premier éditeur officiel. L’indépendance éditoriale lui était indispensable, notamment lorsqu’à partir des années 60, quand furent publiés des numéros spéciaux pour l’Allemagne, la Russie ou l’Ukraine. Les articles du mensuel étaient également imprimés séparément sur papier bible pour être envoyés sous enveloppe à de multiples adresses en Pologne. La revue était également éditée en micro format pour parvenir en contrebande à ses lecteurs restés au pays. Enfin, chaque mois, 600 ou 700 exemplaires étaient envoyés gratuitement à diverses adresses en Pologne tandis que l’autre moitié de l’édition était vendue dans le monde entier.

En 1953, l’Institut créa la « Petite Bibliothèque de Kultura » qui allait publier 512 titres et devenir un conservatoire éminemment précieux des Belles Lettres. Sans cela, beaucoup des œuvres majeures de la littérature polonaise qui furent publiées au cours des 48 années de son activité, auraient probablement disparu. « Pour qu’une littérature vive, l’existence d’écrits de grande qualité ne suffit pas. La vie littéraire doit avoir à sa tête quelqu’un pour l’animer. Jerzy Giedroyc fut celui qui sut susciter la création littéraire et la protéger pendant un demi-siècle ». Quant aux traductions vers le polonais des œuvres étrangères aussi importantes que L’Homme révolté, 1984, L’Archipel du Goulag ou le Docteur Jivago (vendu à 15 000 exemplaires) et tant d’autres, les lecteurs polonais auraient attendu longtemps avant d’y avoir accès si l’Institut Littéraire ne leur avait pas assuré une édition en polonais. Toutes les ruses étaient bonnes pour faciliter la diffusion de ces ouvrages interdits de l’autre côté du Rideau de fer. George Orwell fut empaqueté dans les exemplaires d’une revue communiste. La prise du pouvoir de Miłosz eut une couverture en papier gris d’emballage, « très soviétique », un faux titre et un nom d’auteur inexistant…

En 1962 commencèrent à paraître Les Cahiers Historiques. L’Institut Littéraire était submergé de témoignages sur l’histoire récente. Jerzy Giedroyc décida qu’il fallait les publier à chaque fois qu’ils apportaient des faits intéressants ou des approches nouvelles, et ce sans aucune restriction. L’éditeur ne s’assurerait pas de la véracité des faits ou de la justesse des propos, cela n’engageait que la responsabilité de leur auteur. Bi-annuel jusqu’en 1973, Les Cahiers parurent ensuite quatre fois par an. Ils devinrent une source importante d’information, mais aussi, très vite, la revue où publièrent, souvent sous pseudonyme, les chercheurs et notamment les historiens [Piotr Wandycz, Józef Garliński, Zbigniew S. Siemaszko, Tadeusz Wyrwa, Grzegorz Mazur, Andrzej Friszke, Andrzej Paczkowski], qui souhaitaient ainsi passer outre la censure qui sévissait en Pologne. Le 171e et dernier numéro des Cahier Historiques est paru en juin 2010.

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Né de l’initiative d’un homme, développé par une petite équipe compétente et soudée d’intellectuels qui choisirent la France pour terre d’exil, l’Institut Littéraire joua un rôle essentiel dans l’histoire polonaise tant culturelle que politique. Loin d’avoir une posture figée, il fut attentif aux événements tout y tenant toujours une place aussi responsable que conforme à ses projets d’une Pologne souveraine dans Europe non divisée. La diaspora polonaise dispersée dans le monde se regroupa autour de ce qui n’était, en apparence, que des mots. Les auteurs qui publièrent dans la revue de Maisons-Laffitte pourraient être classés en trois générations : la première qui connut la guerre et l’époque stalinienne ; celle des premiers contestataires des années 60 (en 1966, Kultura publia la « Lettre ouverte au POUP de Jacek Kuroń et Karol Modzelewski » ;  par la suite de nombreux membres du Comité de défense des ouvriers, Adam Michnik, etc.)  ; enfin, celle qui arriva en France avec la vague d’émigration consécutive à  l’État de guerre (1981). Parmi ces derniers immigrants, il faut citer Jacek Krawczyk qui, pendant de longues années, déploya une activité remarquable pour archiver le patrimoine immense qui s’était accumulé dans le petit pavillon de la banlieue parisienne.

 

 

 

Bibliographie

 

Iza Chruślińska, Była raz Kultura... Rozmowy z Zofią Hertz[Il était une fois Kultura... Entretiens avec Zofia Hertz], Éditions MOST, Varsovie 1994, préface de Czesław Miłosz.

 

Maria Danilewicz-Zielińska, Szkice o literaturze emigracyjnej 1939-1989 [Profils de la littérature polonaise en émigration], Éditions Ossolineum, Wrocław 1999.

 

Jerzy Giedroyc, Autobiografia na cztery ręce [Autobiographie à quatre mains], sous la rédaction de Krzysztof Pomian, Éditions Czytelnik, Varsovie 1994.

 

Kultura i jej krąg 1946-1986, Katalog wystawy Czterdziestolecia Instytutu Literackiego[Kultura et son cercle, 1946-1986. Catalogue de l’exposition du 40e anniversaire de l’Institut Littéraire], Edition de la Bibliothèque Polonaise de Paris, Les Amis de Kultura, Paris 1988.

 

Zostało tylko słowo..., Wybór tekstów o „Kulturze paryskiej” i jej twórcach [N’est restée que la parole... Choix de textes sur Kultura de Paris et ceux qui la créèrent], Éditions FIS, Lublin 1990.

 

 

 

 

Maryla LAURENT

Université de Lille SHS

Laboratoire CECILLE [EA 4070]

marylalaurent@gmail.com

 

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