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Jerzy Giedroyc przy pracy. Maisons-Laffitte, 1980 r. / Sygn. FIL00001
FOT. A. SULIK

La politique éditoriale



Jerzy Giedroyc considérait qu'en exil le travail d'édition était l'activité la plus appropriée, car elle permettait d'influer sur les Polonais des deux cotés du "rideau de fer", et d'avoir un impact dans d'autres pays du bloc de l'est.
Selon sa conviction, "le verbe a une importance capitale" ; ainsi le rôle principal revenait aux publications de l'Institut Littéraire: le mensuel Kultura, le trimestriel "Cahiers Historiques" et les livres de la collection "Bibliothèque de Kultura".
L'essentiel de la politique éditoriale de Jerzy Giedroyc était de publier des textes qui "collaient au réel", mettaient en miroir les événements se déroulant en Pologne, en Europe centrale et orientale et dans le monde, et provoquaient la réflexion du lecteur.
Les choix éditoriaux étaient dictés par une forte exigence artistique, la pertinence du fond et l'impact politique du texte.
On distingue deux étapes dans le travail éditorial de l'Institut Littéraire: la période romaine et la période parisienne.


La période dite "romaine" 1946-1947
En Italie l'Institut Littéraire mena une vaste activité éditoriale qui consistait tant à effectuer les travaux répondant aux besoins des différents corps de l'armée qu'à réaliser les projets éditoriaux du Rédacteur. L'Institut Littéraire publia principalement des livres, tout d'abord le roman de Henryk Sienkiewicz, Legiony (Les Légions), puis "Le Livre de la nation et des pèlerins polonais" d'Adam Mickiewicz, préfacé par Gustaw Herling-Grudziński. D'autre part, Casa Editrice Lettere (c'était son nom italien) créa quatre collections : la "Bibliothèque socio-politique", la "Bibliothèque du savoir", la "Bibliothèque des traductions", et pour le marché italien, Capolavori della Letteratura straniera (Chefs-d’œuvre de la littérature étrangère).
En juin 1947 parut  le premier numéro de Kultura – revue trimestrielle – sous la rédaction de Jerzy Giedroyc et Gustaw Herling-Grudziński. Sur les couvertures des livres de l'Institut Littéraire apparut le pictogramme caractéristique de la maison: la partie supérieure de la colonne ionique avec les initiales ILR, œuvre de Stanisław Gliwa.
A Rome, l'Institut Littéraire édita 24 livres, sous différentes collections ou hors collection, de nouveaux titres comme des rééditions. Parmi les auteurs: Wacław Berent, Jan Bielatowicz, Léon Blum, Juliusz Kaden-Bandrowski, Arthur Koestler, Bolesław Miciński, Sergiusz Piasecki, Władysław Reymont, Andrzej Strug, Wacław Sieroszewski, Jerzy Stempowski.


La période dite "parisienne" 1947-2000
En France, Jerzy Giedroyc change de politique éditoriale. La revue Kultura devient mensuelle,  et occupe désormais le devant de la scène. Les livres passent au deuxième plan. Certains de ces livres provoquent pourtant des débats très animés, y compris dans les pages du mensuel, comme par exemple Wracam z Polski (Je reviens de Pologne) d'Aleksander Janta-Połczyński ou Klub Trzeciego Miejsca (Le Club de la Troisième Place) de Melchior Wańkowicz. L'institut Littéraire publie  également quelques titres dont le sujet porte sur la deuxième guerre mondiale: "La terre inhumaine" de Joseph Czapski et Dzieci tułacze (Les enfants vagabonds) de Weronika Horst (pseudonyme de la chanteuse Hanka Ordonówna). La publication de traductions perdure. L'édition du livre de James Burnham "Le combat pour le monde", fut le fruit de la participation de Jerzy Giedroyc et de Joseph Czapski au congrès fondateur du Congrès pour la Liberté de la Culture.
Dans les années 1948-1952, l'Institut Littéraire ne publie que 9 livres.
La création de la "Bibliothèque de Kultura", collection qui démarre dans les premiers mois de 1953 avec "Trans-Atlantique" de Witold Gombrowicz, marque un tournant dans la ligne éditoriale de Jerzy Giedroyc. Suivent "1984" de George Orwell et "La Pensée captive" de Czesław Miłosz. L'inauguration de la "Bibliothèque de Kultura" tombe au moment de la mort de Staline, concours de circonstances qui détermineront dans une large mesure les choix des titres et la dimension idéologique de cette collection. Les événements qui se déroulent dans le bloc de l'Est incitent Jerzy Giedroyc à créer trois sous-collections: "Les Documents" (1959), "Les Archives de la révolution" (1964) et "Sans censure" (1977).
D'une part on y démasque le communisme dans une perspective historique et contemporaine; d'autre part on analyse la genèse et le déroulement des événements dans la Pologne post-stalinienne et les conséquences de ce tournant: l'apparition du courant révisionniste au sein du parti communiste polonais, et l'émergence de l'opposition démocratique.
La littérature antitotalitaire est très présente dans la "Bibliothèque de Kultura", avec les ouvrages de Raymond Aron, Zbigniew Brzeziński, James Burnham, Albert Camus, Milovan Djilas, Leszek Kołakowski, Wiktor Sukiennicki. Dans le même courant s'inscrivent les livres qui révéleront la vérité sur le Goulag : "Un monde à part" de Gustaw Herling-Grudziński ainsi que les œuvres d'Alexandre Soljenitsyne "Le Premier cercle", "Le pavillon des cancéreux" et le monumental "L'Archipel du Goulag".
Une autre série de livres aura pour thème "la littérature sans frontières ni censeurs". "Le Docteur Jivago" de Boris Pasternak, tiré à 11000 exemplaires, en fut le bestseller.
L'Institut Littéraire connait une renommée mondiale suite à l’édition des tapuscrits des dissidents russes Andreï Siniavski, Andreï Remizov et Youri Daniel – samizdats – sortis clandestinement d'Union Soviétique. Après l'arrestation de ces auteurs, le Rédacteur organisera une vaste campagne de soutien.
Le plus grand mérite de Jerzy Giedroyc reste néanmoins son travail dans le domaine de la littérature polonaise qu'il traite dans sa globalité, sans la sous-diviser en littérature d'exil et en littérature dite "du pays".
Dès 1953 il édite les œuvres de Witold Gombrowicz et de Czesław Miłosz, auteurs dont l'Institut est l'éditeur quasi exclusif et en partie, le mécène.
Le Rédacteur appréciait aussi énormément l'œuvre de Józef Mackiewicz, et effectuait un démarchage infatigable afin d'avoir de nouveaux textes d'Andrzej Bobkowski, Jerzy Stempowski, Czesław Straszewicz, Józef Wittlin ou encore Stanisław Vincenz.  Il incitait les jeunes poètes à écrire; il publia, entre autres, des poèmes de Bogdan Czaykowski et d'Adam Czerniawski.
La "Bibliothèque de Kultura" regroupe une pléiade d'écrivains les plus remarquables de la littérature polonaise contemporaine : Stanisław Barańczak, Zygmunt Haupt, Zbigniew Herbert, Gustaw Herling-Grudziński, Marek Hłasko, Stanisław Mackiewicz, January Grzedziński, Kazimierz Orłoś, Bogdan Madej, Marek Nowakowski, Konstanty Jeleński, Wojciech Karpiński, Sławomir Mrożek, Kazimierz Wierzyński, Adam Zagajewski. Witold Gombrowicz et Czesław Miłosz – lauréat du prix Nobel – sont entrés au panthéon de la littérature mondiale.


Cahiers Historiques
L'édition de la revue Cahiers Historiques qui démarra en 1962, découlait de la passion de Jerzy Giedroyc pour l'histoire. Semestrielle dans un premier temps, sa publication devient trimestrielle en 1973. Cette revue portait une double numérotation, celle de la "Bibliothèque de Kultura" et sa propre numérotation.
Jerzy Giedroyc est mort au moment où il préparait la sortie du numéro 637 de Kultura, et du numéro 137 des Cahiers Historiques. 378 livres furent publiés dans La "Bibliothèque de Kultura".

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